Face à l’évolution des réglementations environnementales et aux défis croissants de gestion des déchets plastiques en milieu marin, la filière conchylicole doit se structurer pour assurer une valorisation efficace de ses engins usagés. Le projet Recyconch, porté par la Coopération Maritime et financé par l’ADEME, la DGAMPA et le Comité National de la Conchyliculture, marque un tournant majeur pour le secteur en posant les bases d’une gestion optimisée et durable des engins conchylicoles usagés (ECU).
Aujourd’hui, la grande majorité des poches à huîtres, filets mytilicoles, coupelles de captage et cônes mytilicoles usagés sont stockés, enfouis ou incinérés, faute de solutions de recyclage viables et accessibles. En l’absence de filière structurée, ces déchets plastiques s’accumulent dans les entreprises conchylicoles, engendrant des coûts de stockage et des contraintes environnementales. Recyconch a permis d’explorer des solutions concrètes de valorisation en impliquant directement les professionnels.
Ce projet s’est déroulé en 2 phases
- Un état des lieux national, mené en collaboration avec les 7 Comités Régionaux de la Conchyliculture (CRC), afin d’identifier les volumes de déchets, les types de plastiques concernés et les pratiques actuelles de gestion.
- Des expérimentations pilotes dans plusieurs bassins de production pour tester des solutions alternatives à l’enfouissement et proposer des modèles reproductibles à grande échelle.
Recyconch a ainsi posé les fondations d’une filière plus responsable, où la gestion des déchets conchylicoles n’est plus une contrainte, mais une opportunité de valorisation et d’innovation pour le secteur.
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Consultation des CRC et résultats des expérimentations
Le projet s’est appuyé sur une consultation des sept Comités Régionaux de la Conchyliculture (CRC) afin d’identifier les principaux flux de déchets et les contraintes rencontrées par les professionnels. Puis dans une seconde phase, trois sites pilotes (Bretagne Nord, Pays de le Loire et Méditerranée) ont effectués différents tests de valorisation en fonctions des possibilité locales.
Les expérimentations menées ont permis de tester différentes pistes de valorisation :
- Broyage et mise en balle des poches à huîtres pour leur revente en tant que matière première recyclée.
- Valorisation des plastiques en autre produits (dalles plastiques, taquets).
- Utilisation des poches usagées pour la protection des jeunes plantations avec des acteurs comme Climaction.
- Valorisation des filets mytilicoles en combustible solide de récupération (CSR).
- Tests de pyrolyse pour produire un carburant à partir de plastiques usagés.
Défis et obstacles identifiés
Malgré ces avancées, plusieurs défis restent à relever pour structurer une filière viable :
- Coût élevé de la préparation des engins conchylicoles usagés (ECU : Le nettoyage et le tri des matériaux s’avèrent trop coûteux pour être supportés par les professionnels.
- Problèmes logistiques et de transport : Les coûts de collecte et de transport des ECU restent un frein majeur à leur valorisation, en raison de la dispersion des sites de production.
- Difficulté de recyclage de certains équipements : La mixité des plastiques rend leur recyclage complexe, limitant les options de valorisation matière.
- Faible structuration de la filière : L’absence d’une organisation nationale centralisée complique la mise en place d’une économie circulaire efficace pour les ECU.
Vers un Recyconch 2 ? Les perspectives d’avenir.
À l’issue de réunions avec les CRC impliqués dans le projet, l’envie de prolonger l’initiative est bien présente. Plusieurs propositions ont émergé pour une seconde phase de Recyconch visant à pérenniser et optimiser les solutions testées :
- Mutualisation des collectes via des bennes centralisées sur des sites stratégiques.
- Cartographie des recycleurs et partenaires potentiels pour optimiser la valorisation.
- Développement de matériaux biosourcés et compostables pour remplacer certains plastiques.
- Soutien économique aux professionnels pour réduire les coûts de recyclage et inciter à de meilleures pratiques.
- Amélioration des procédés de tri et de nettoyage pour faciliter le recyclage.
Ce projet illustre la volonté de la filière conchylicole de réduire son empreinte environnementale tout en structurant une filière durable et économiquement viable pour la gestion de ses déchets et ainsi aller vers une filière conchylicole plus responsable.
