Les principaux résultats acquis dans le cadre du programme collectif SCORE (2012-2014, FEP), porté par le CNC et soutenu par les Régions et la DPMA, viennent d’être publiés dans le journal scientifique Aquaculture.
Ils montrent que les mortalités d’huîtres creuses en 1er été ne semblent pas déterminées génétiquement de la même manière entre les sites sur estran de la côte atlantique et la lagune de Thau en milieu immergé. En terme appliqué, un programme de sélection pour l’amélioration des performances sur estran devrait bénéficier à l’ensemble des sites de production de la façade atlantique et dans une moindre mesure en milieu immergé en lagune de Thau. Une stratégie de sélection spécifique pour un site immergé tel que celui de la lagune de Thau serait génétiquement justifié, son coût économique étant à affiner en fonction des options techniques choisies.
Les mortalités estivales de naissain d’huître creuse Crassostrea gigas ont durement touché la profession ostréicole à partir de la fin des années 2000. Pour faire face à ces mortalités affectant l’ensemble des zones de production ostréicole, la profession conchylicole s’est associé avec l’Ifremer, les centres techniques et le SYSAAF dans le projet SCORE (2012-2014, FEP) dans le but d’évaluer la faisabilité de la mise en place d’un programme de sélection génétique pour améliorer la résistance chez l’huître creuse.
Un total de 121 familles a été produit par le CNC et les CRC et mis en élevage sur 7 sites dans les principales zones de production à l’échelle du littoral français. A l’issue du premier été, des survies allant de 0 à 58,7% ont été observés selon les familles et les sites. Les analyses génétiques ont confirmé la possibilité de sélectionner sur le caractère de survie au 1er été. Une héritabilité conséquente de 0,24 a été estimée pour ce caractère, c’est-à-dire que 24% des différences observées entre les familles sont dues aux parents. Les classements des familles sur les sites de la côte atlantique et de la Manche sont très proches. Une sélection à partir de l’un de ces sites doit ainsi générer du progrès pour l’ensemble des autres sites. En revanche les corrélations génétiques limitées avec le site de Thau, dont l’environnement et la méthode d’élevage sont distincts des 6 autres sites de testage (élevage sur cordes en lagune vs élevage en poches sur estran), mettent en évidence une différence de classement des familles entre les sites en atlantique et la lagune de Thau.
Ces résultats très originaux et encore jamais rapportés pourraient être déterminants dans la définition et/ou l’optimisation des programmes de sélection. Ils suggèrent qu’un même programme de sélection doit générer du progrès génétique bénéficiant à la majorité de la production française utilisant l’élevage en poche sur estran. Une stratégie de sélection dédiée aux sites utilisant un système d’élevage immergé tel qu’en Méditerranée pourrait par ailleurs être mise en place pour apporter du progrès génétique, par la mise en place d’un programme de sélection spécifique ou la prise en compte de cet environnement dans la sélection. Ces résultats suggèrent que la physiologie pourrait être différente selon les contraintes environnementales et zootechniques auxquelles les huîtres sont exposées sur sites immergés ou sur estran, comme le temps d’alimentation ou l’impact de températures extrêmes. Afin d’affiner la conception des programmes de sélection sur les performances de survie en milieu immergé et/ou en Méditerranée, il serait intéressant d’évaluer si le résultat obtenu est dû à l’immersion ou à l’environnement spécifique de la lagune de Thau, et donc s’il est généralisable à d’autres sites immergés ou méditerranéens.
Fig. a : Sites de collecte des géniteurs (vert) et de testage (noir) : NY = Normandie, NB = Bretagne Nord, SB = Bretagne Sud, NO = Noirmoutier, MA = Marennes-Oléron, AB = Arcachon, TL = Thau. / Fig. b : ACP des valeurs génétiques estimées pour chaque site de testage mettant en évidence les fortes corrélations génétiques entre les sites de la côte atlantique et de la Manche, et la spécificité du site de Thau.
Si vous souhaitez avoir accès à la publication scientifique, vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante : cnc@cnc-france.com.
Enez, F., Puyo, S., Boudry, P., Lapègue, S., Dégremont, L., Gonzalez-Araya, R., Morvezen, R., Chapuis, H., Haffray, P., 2024. Strong genotype-by-environment interaction across contrasted sites for summer mortality syndrome in the Pacific oyster Crassostrea gigas. Aquaculture, 595. https://doi.org/10.1016/j.aquaculture.2024.741501
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